Toutes les nations du monde ont connu, au cours de leur histoire, des hommes et des femmes qui ont donné leur vie pour la gloire de leurs peuples et pour le triomphe d’un idéal souvent incompris.
Ali Soilih
reste pour longtemps la référence du peuple comorien dans son combat
pour l’émancipation de la citoyenneté au service d’un pays qui
veut prendre son destin en main. Cependant si l’homme incarnait le
pays, cela veut dire qu’il fut à la fois responsable d’un pouvoir
pratique de justice sociale et d’un bouleversement inattendue et
brutal de toute une société. Il est difficile d’expliquer aux générations
nouvelles, et surtout en ces moments tragiques que traverse notre pays,
que leur pays a une dignité acquise, un avenir promoteur et des
citoyens dynamiques et innovateurs. UNE RÉPUBLIQUE LAIQUE ET SOCIALE Nous attendons toujours que nos chercheurs, nos scientifiques, nos historiens, nos sociologues et nos journalistes nous offrent la possibilité d’apprécier à juste titre ce qui peut être retenu par la mémoire collective de la période 1975-1978. Mais en attendant le temps de la relecture, nous savons déjà qu’Ali Soilih s’est fait distinguer par la volonté farouche d’obliger les Comoriens à savoir compter d’abord sur eux-mêmes et à négocier les interdépendances nécessaires à leur évolution vers un système de développement global à l’échelle humaine. Le fondateur de la République laïque et sociale des Comores croyait très fort et savait partager se conviction que cette volonté ne pouvait pas être opérationnelle que lorsqu’il y aurait mobilisation de la population. Il fallait donc promouvoir et réaliser une politique d’autosuffisance alimentaire, d’éducation appropriée, de santé pour tous et de plein emploi. Ah Soilih croyait également qu’une telle politique ne pouvait pas être, seulement, l’affaire d’une élite aussi compétente soit-elle, et qu’il s’agissait de faire participer les différentes catégories sociales dans un cadre pratique et maîtrisable qui est la décentralisation. La démarche déstructuration-restructuration qu’il a initiée consistait à bâtir une nouvelle nation ou les efforts de tous les acteurs de la société seraient harmonisés par une administration légère, efficace et appropriée à nos atouts et contraintes. UNE REFERENCE HISTORIQUE COMORIENNE Dans tous les cas, les résultats obtenus dans les secteurs de l’agriculture (cultures par vocation pédologique, mise en place des structures d’encadrement, d’écoulement, de transformation, de conservation et de crédit), de l’éducation (écoles de bases, collèges ruraux, enseignements secondaire par filière et en alternances, enseignement supérieur professionnel), de la santé ( des dispensaires locaux, pharmacies villageoises, hôpitaux., formation), de l’administration ( refonte de la fonction publique, recyclage des agents de l’état , mise en place des moudiria) et de la diplomatie (reconnaissance de la nation comorienne par le monde entier, adhésion dans les organismes internationaux, application de la coopération Sud-Sud, non-alignement positif, mobilisation de l’opinion internationale sur la libéralisation de l’île comorienne de Maoré) constituent aujourd’hui la référence historique à laquelle le peuple comorien s’accorde à reconnaître comme sien. Pour cela je considère, comme une grande partie de nos compatriotes, que Ali Soilihi constitue la personnalité qui a marqué le plus le siècle comorien qui s’achève. L’erreur fatale qu’a commis Ali Soilih c’était justement le fait d’obliger les Comoriens à se prendre en charge. Il avait surestimé la volonté populaire et les capacités d’appropriation d’un peuple qui venait de découvrir son identité et qui, jusque là, ignorait qu’il pouvait piloter son destin. Il apparaît que le moment est venu de reconnaître l‘héritage que la révolution Soilihiste a laissé aux Comoriens Elle doit être écrite et lue. En effet, beaucoup parmi nous considèrent que le projet soilihiste se justifie aujourd’hui plus hier. Le sens des responsabilités oblige à faire la part des choses et reconnaître les erreurs commises pour ne plus les répéter et apprécier les acquis pour mieux les développer. Mais ne nous
trompons plus, la stratégie soilihiste ne peut être appliquée qu’à
travers un mouvement fédératif clairement engagé à se battre pour la
souveraineté du peuple, l’intégrité territoriale et le développement
du pays en intégrant les limites de l’époque et les chances du
devenir.
MweziNet 2005 |