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Histoire des Comores |
Ursule Salima Machamba
1ère, Dernière reine de Mohéli |
S. M. Ursule Salima Machamba 1ère
reine de Mohéli qui abandonna son royaume à la France pour l’amour d’un
gendarme s’est éteinte à Pesmes (Hte-Saône) à l’âge de 90 ans
Article paru dans LE BIEN PUBLIC, 10/08/1964
C’est avec une tristesse certaine — car
tous la connaissaient, l’estimaient et la respectaient — que les
habitants de Pesmes (Haute-Saône) comme du petit village côte-d’orien de
Cléry, où elle résida pendant de longues années, ont appris le décès de
Mme Camille Paule, née Ursule Salima Machamba 1ère reine de
Mohéli.
En novembre 1874 — il y a donc près de 90 ans — Ursule Salima Machamba
venait au monde. Elle devait devenir reine de Mohéli, une des îles
Comores, cet archipel de l’océan Indien, producteur de canne à sucre, de
vanille, d’Ylang-Ylang, etc.
Elle passa sa prime jeunesse à l’île de la Réunion, lie dans laquelle
elle rencontra un gendarme qu’elle aima d’un amour sincère et qu’elle
désira épouser.
Le gouvernement lui fit alors savoir qu’on ne saurait être, à ce qu’il
paraît, reine et femme d’un gendarme en même temps. Il fallut choisir.
Et sans hésitation, la petite reine de Mohéli abandonna son île
enchanteresse près de Madagascar pour épouser selon son coeur M. Camille
Paule. |

SM. Ursule Salima Machamba 1ère,
reine de Mohéli, à sa résidence fermière de Cléry (Photo M. C.) |
Salima
Machamba 1ère, épouse obéissante selon le code Napoléon et
amoureuse selon celui de son île parfumée, préféra suivre son mari dans
ce beau pays qu’elle ne connaissait pas la France.
Elle donna sa couronne a la France, et, en 1902, avec son mari, le
gendarme Camille Paule, passé hors cadre, elle vint s’installer dans une
résidence fermière à Cléry, petit village de la Côte-d’Or, situé aux
limites du département en bordure de la Haute Saône. Elle lut nantie
d’une pension royale calculée sur le coût de la vie en 1900.
Là, la vie s’écoula doucement, la reine ayant quelquefois la nostalgie
de son royaume, de son ils enchanteresse, mais elle s’adonnait aux menus
travaux de la culture, du jardinage, de l’élevage de volailles, au
milieu de ses enfants, la princesse Louise et les princes Louis et
Fernand de Mohéli.
L’ex-reine de Mohéli avait quitté sa résidence de Cléry où tant de
souvenirs lui rappelaient le passé pour s’installer à Pesmes, dans la
Haute-Saône.
C’est là qu’elle s’est éteinte à l’âge de 90 ans.
C’est là aussi qu’elle reposera à tout jamais.
Les obsèques de S.M. Ursule Salima Machamba 1ère, reine de
Mohéli, ont lieu ce matin, à 10 h 30, en l’église de Pesmes, sa
paroisse.
Le « Bien Public » prie ses enfants, petits-enfants et toute la famille
d’a gréer l’expression de ses très vives et très sincères condoléances.
M. COLLOT. |
Une reine en sabots
Article paru dans LE
COURRIER DE SAONE ET LOIRE, 24/01/2000
Une récente manifestation à l’hôtel de
la région Bourgogne destinée à faire mieux connaître les Comores -il
s’agit de quatre îles situées dans l’Océan Indien, non loin de
Madagascar: la Grande-Comore, Anjouan, Mohéli qui constituent
aujourd’hui la République Fédérale Islamique des Comores, Mayotte,
toujours collectivité territoriale française- a permis de faire
revivre le souvenir d’une femme au destin exceptionnel : Ursula
Salima Machamba, née en 1874, petite-fille du sultan de Mohéli, qui
était lui- même le fils de Radama 1er, roi de Madagascar et des
Mascareignes (Maurice et La Réunion). C’était l’époque où la
République allait s’enraciner en France et poursuivre la
construction d’un Empire colonial destiné à faire bénéficier le
monde entier des valeurs républicaines.
La France avait établi son protectorat sur les Comores et notamment
l’île de Mohéli, alors que la jeune reine Salima avait douze ans :
elle fut même couronnée en bonne et due forme, mais la plupart des
décisions politiques furent prises alors par le Résident
représentant la France.
Le destin voulut que la jeune reine, en 1900, rencontre un gendarme
venu de Bourgogne, Camille Paule, et en tombe éperdument amoureuse. |

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En fait, le gendarme était natif de
Cléry, en Haute-Saône, à la lisière de la Bourgogne.
Cet idylle servait sans doute les desseins du Ministère des Colonies
qui favorisa son heureuse issue : le mariage fut célébré en août
1901 à Saint-Denis de la Réunion.
Le gendarme Paule dut démissionner mais reçut la médaille militaire
et le grade de maréchal des logis chef.
En outre, la République octroya à la reine une rente de 3000 F or et
facilita le départ du couple pour la métropole.
Lorsque la France annexa purement et simplement les Comores en 1910,
le gendarme et sa reine n’étaient plus que des fermiers en Haute
Saône, vivant au rythme des travaux des champs et des saisons. A la
mort de son époux, la reine de Mohéli vint vivre ses dernières
années à Pesmes : ce n ‘est qu’en 1964 qu’elle mourut à l’âge de 90
ans, mais il y eut dans son coeur jusqu’à sa mort, des souvenirs de
palmiers et de frangipaniers sur lesquels se couchait un soleil
rouge.
PIERRE BODINEAU |
VU DANS NOTRE RUBRIQUE
LITTERATURE
(Ouvrage épuisé)
A PESMES, en Franche Comté... UNE
REINE OUBLIEE PAR L'HISTOIRE
(Julienne NIVOIS, Dominique GUENIOT, 199.., ...p)
A Saint-Denis de la Réunion, un jour de 1900, Ursula Salima Machamba,
reine de Mohéli (Comores) effectuait une promenade. Son regard vint
heurter l'extraordinaire moustache que le gendarme Paule, frais arrivé de
Bourgogne, exhibait dans les tièdes avenues de la ville... Le coeur d'Ursulla
se mit à battre follement pour ce fringant représentant de la garnison
française... A son retour à Mohéli, Ursula fit part au Gouverneur de son
intention d'épouser Camille Paule. Ce fut une affaire d'état... Le
Gouverneur français lui donna à choisir entre l'uniforme et la couronne.
Ursula abdiqua et épousa son gendarme. 21 coups de canon saluèrent
l'événement. L'Etat français lui alloua alors une rente sur les revenus de
sa propriété de Fomboni. Rente qu'elle ne toucha presque jamais... En
1902, les époux quittèrent les îles et rentrèrent en métropole. Etonnant
parcours semé de gloires et d'embûches... |

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Comme tout habitant de Pesmes,
à l'époque, j'ai connu la reine Ursula et sa fille Louise. Après la mort
de ses parents, la petite-fille m'a signalé tous les écrits et journaux
entassés dans une malle par la reine pendant 60 années. J'ai trouvé qu'il
fallait extirper ces documents de l'oubli, et pendant de longs mois, j'ai
trié les lettres, repassé les articles de journaux, fait traduire ceux en
danois, anglais et allemand, classé, etc... Il fallait le faire, cela en
valait la peine, Alors autant que ce soit une Pesmoise qui le fasse ...
Julienne NIVOIS |
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