Anda na Mila : De vie à trepas Le " anda " ( litt
=coutume) est, pour lécrasante majorité de la population comorienne et plus
particulièrement grand-comorienne, a la base de sa civilisation. Cela depuis des
siècles... Controverse Pourtant, au niveau micro-social, toute la vie est intimement liée à ce phénomène solidement ancré dans les comportements collectifs. Le anda est à la fois une machine génératrice de richesse et une incroyable occasion de dépenses littéralement folles, en tout cas dans la presque totalité des cas. Cet emballement du anda (Grand mariage) est luvre des notables Ces "derniers gardiens du temple" ont réussi avec la complicité du monde politico-religieux à transformer en doctrine ce qui nétait, il y a quelques dizaines dannées, quun simple divertissement. Aujourdhui, ces "milanantsistes" ont réussi à convaincre de larges franges de la population de Ngazidja et de plus en plus au-delà, que sans anda le développement communautaire perdrait une bonne partie des ses sources de financement. Leur argumentation sappuie sur des résultats visibles. Il est vrai que lhabitat familial, lépargne, la construction de certaines infrastructures communautaires de base, les rassemblements, les divertissement tournent autour du Grand mariage. Sur ce problème des avantages et des inconvénients du Grand mariage les oppositions sont fortes entre lancienne génération et, pour lessentiel, les jeunes. Ces derniers ne contestent pas les apports socioculturels du anda, mais lunanimité est loin dêtre faite quant à son impact économique. Les réformateurs proposent quun minimum de régulation soit appliquée en vue de limiter le gaspillage et remettre le anda dans son contexte culturel.
Cependant, tout au long du XXieme siècle des reformes ont été amorcées sans pour autant influer sur les comportements. Selon les recherches de Damir Ben Ali, tout au début du siècle, une autorité coloniale avait limité le nombre de vaches à abattre. Beaumer, avait entrepris de limiter le anda, en ce qui concerne le cheptel bovin et caprin. Il avait mobilisé la population sur lentre aide agricole en proposant de réaliser les fêtes en coupant des pignons dinde pour la vulgarisation de la vanille. Vers les années 1960, le président Said Mohamed Cheikh avait initié une campagne de sensibilisation contre le gaspillage. Le premier médecin des Comores avait appelé à la prise de conscience sur lapparition des nouvelles valeurs basées sur le bien être matériel "ye anda ya hatru riwunde madjumba na matomobili ya ho wana hatru". Il fut rappelé à lordre par sa propre classe sociale, les notables. La parenthèse soilihiste Ce nest quentra 1976 et 1978, que le anda fut réglementé officiellement pendant la Révolution. Les festivités étaient limitées à 24 heures. Un seul animal était autorisé. Les dépenses ostentatoires étaient prohibées. Le mariage ne devait pas être "une affaire de sous mais dentente mutuelle".
Depuis 1978, les régimes qui se sont succédés ont consolidé à grande pompe le anda pour en faire leur réserve électorale et la base de leur légitimation. Les hommes dEtat, les hauts fonctionnaires, les opérateurs économiques (pour des raisons facilement compréhensibles) et les chefs religieux apportent leur soutien au développement du anda. Lappui le plus conséquent nous vient
de lextérieur du pays. La diaspora Comorienne, malgré la prise de conscience
quelle a pu acquérir sur les changements de lhomme et de son environnent, a
fait des vacances dété, "le printemps du anda". Les mois de juillet,
août et septembre, sont devenus la saison pendant laquelle les gens sexaltent par
la concurrence du gaspillage. Pourtant, il paraît quà lorigine cetait
plus simple que cela. Selon la légende, cétait une histoire banale de djosho
(grillade) dans un petit village de Mbadjini appelé Mindradu. Une simple invitation pour
partager un maigre gibier est devenue Maliho. Le pahu.wo (repas offert en échange
dun travail champêtre) est devenu djelewo. La petite galette de sagou partagéé
entre amis est devenue mikatre. La simple bénédiction dun mariage est devenue
karamu. Les you-you saluant le mariage sont devenus djaliko twarabu zifafa
masambi, lelemama,... le tout demandant la fortune de toute une vie. A laube du XXleme
siècleAllons-nous, laisser encore longtemps ce lourd fardeau sur les épaules de nos
enfants. |