Neuf responsables politiques comoriens dont le colonel
Assoumani Azali, chef de l'Etat comorien, M. Abbas Djoussouf chef de
l'opposition nationale, le Colonel Said Abéid Abdérémane, chef de l'autorité
anjounaise, M. Mohamed fazuil, leader mohelien, ont signé samedi à Fomboni,
un accord-cadre de réconciliation
nationale aux Comores. Cette signature a eu lieu au cours d'une cérémonie solennelle organisée samedi après-midi dans
la ville de Fomboni à Mohéli, devant les représentants de la totalité des
forces politiques du pays et devant une assistance nombreuse venue de toutes
îles comoriennes. L'émissaire de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA)
Francisco Madeira, l'envoyé spécial de
l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le Pr André Salifou et
l'ambassadeur de France au non de
l'Union européenne, ont signé également le texte en qualité de parties
garantes. A cette occasion, l'émissaire de l'OUA a félicité la classe politique comorienne d'avoir évité l'éclatement de
l'archipel parce qu'il aurait posé plus de
problèmes qu'il n'en résoudrait. Dans son discours de circonstance, le
Colonel Said Abeid a souligné que cette
cérémonie de Mohéli scellait la réconciliation avec les partenaires
internationaux, ajoutant que plus rien ne devrait empêcher les entités
insulaires de gérer librement leurs affaires au mieux de leur développement
durable au sein du Nouvel Ensemble Comorien. Pour sa part le président Azali a
assimilé cet accord à un "sursaut salutaire" soulignant que "le plus
dur reste à faire. Encore faut-il se donner les moyens de le faire appliquer". Les premiers de ces moyens
étant selon lui, "la volonté, la sincérité, la foi et la confiance".
Pour M. Azali, la crise séparatiste s'es achevée avec cet accord. De son côté,
M. Abbas Djoussouf s'est engagé solennellement devant l'assistance, à faire de
son mieux pour que les forces qu'il représentent s'impliquent dans la mise en
oeuvre de cet accord cadre.
ACCORD-CADRE
DE RECONCILIATION NATIONALE
Le document signé à Mohéli le samedi 17 février 2001-02-17
I. NOUS, PARTIES COMORIENNES,
représentant le Gouvernement comorien, les Autorités anjouanaises, l’Opposition
nationale et la société civile du pays, sous les auspices de l’Organisation de
l’Unité Africiaine appuyée par l’Organisation internationale de, la
Francophonie et l’Union Européenne, et en présence de la Ligue des Etats Arabes
et de l’Organisation des Nation Unies.
i)
Prenant en compte les efforts déployés par les différentes
Parties à la crise, ainsi que les Accords antérieurs relatifs à la résolution
de la crise comorienne.
ii)
Déterminées à engager l’œuvre urgente de construction d’un
Nouvel Ensemble Comorien qui réponde adéquatement à la nécessité d’un partage
du pouvoir entre l’ensemble et les ïles, afin de permettre à celle-ci de concrétiser
leur aspirations légitimes et d’administrer et gérer librement leurs propres
affaires et de promouvoir ainsi leur développement socio-économique ;
iii)
Conscientes de la nécessité de créer les conditions propices
au renforcement de la cohésion nationale, à travers le dialogue et la
concertation afin de promouvoir les facteurs qui nous unissent, et de
travailler ensemble pour concrétiser les intérêts supérieurs de nos
populations ;
iv)
Conscientes également de l’impérieuse nécessité d’instaurer
la justice, l’égalité, la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des
droits de l’homme et des libertés publiques, et d’impliquer tous les Comoriens
dans ce processus ;
v)
Exprimant notre profonde appréciation à l’endroit de
l’Organisation de l’Unité Africaine, de l’Organisation Internationale de la
Francophonie, de l’Union Européenne et de Ligue des Etats Arabes, pour les
efforts constants qu’elles déploient en vue d’un règlement rapide, juste et
durable de la crise comorienne.
2. APPROUVONS, par le
présent Accord cadre, l’organisation d’un Nouvel Ensemble Comorien, seul sujet
de droit international, fondé sur le respect de l’unité nationale, de
l’intégrité territoriale et de la souveraineté des Comores dans leurs
frontières internationalement reconnues, conformément aux résolutions relatives
à son admission à l’Organisation de l’Unité Africaine le 18 juillet 1975, et à
l’Organisation des Nations Unies le 12 novembre 1975.
3. NOUS ENGAGEONS à entreprendre l’œuvre urgente de sa construction et
à répondre adéquatement à la nécessité d’un partage du pouvoir entre l’Ensemble
et les Iles afin de permettre à ces entités de concrétiser leurs aspirations
légitimes pour administrer et gérer librement leurs propres affaires.
4. CONVENONS que la
Constitution déterminera les domaines de compétence de l’Ensemble et des Iles.
Cependant, les prérogatives relatives à la souveraineté de l’Etat (la religion,
la nationalité, la monaie, les relations extérieures et la défense nationale)
relevent du domaine exclusif du Nouvel Ensemble Comorien.
5. DECIDONS, à cet effet, des instruments, du calendrier et de garanties
ci-après :
I. INSTRUMENTS
A. COMMISSION
TRIPARTITE POUR LA RECONCILIATION NATIONALE ET LA DEFINITION DU NOUVEL ENSEMBLE
COMORIEN
6. La
Commission est le principal organe représentant Gouvernement, l’Autorité
d’Anjouan, les Forces politiques et Société civile du pays.
7. Elle
constitue le Forum approprié pour un large débat consensuel visant à aboutir à
une solution durable à la crise actuelle et à assurer la réconciliation
nationale. Elle est également chargée d’élaborer le projet de Loi fondamentale.
Elle est autonome.
i). COMPOSITION
8. La Commission est
ainsi composée :
i) la
Commission est composée, pour chacune des Iles, par une délégation qui comprend
le même nombre de délégués, lesquels représenteront, sur une base paritaire, le
Gouvernement, l’Autorité d’Anjouan et les Forces politiques qui les
soutiennent, les Forces politiques de l’Opposition et de la société
civile ;
ii) elle
élabore, adopte et met en œuvre son propre règlement intérieur,
ii). FONCTIONS ET ATTRIBUTIONS
9. La
Commission doit :
i) mettre en
place une sous-commission technique qui sera chargée d’élaborer la Constitution
du Nouvel Ensemble Comorien et de déterminer les modalités de sa popularisation
et de son approbation par voie référendaire ;
ii) mettre en
place une sous-commission chargée de la définition de la politique de défense
du Nouvel Ensemble Comorien, du ramassage des armes et de la réinsertion des
jeunes ;
iii) mettre en
place tout groupe de travail et/ou Sous-commissions jugés nécessaires pour
l’accomplissement effectif, dans les délais impartis, des tâches spécifiques à
eux assignées ;
iv) dans le
cadre des attributions qui sont les siennes, ses décisions sont prises par
consensus et deviennent exécutoires pour toutes les institutions du pays.
B.
COMMISSION NATIONALE ELECTORALE INDEPENDANTE ET D’HOMOLOGATION
10. Une
Commission nationale électorale indépendante et d’homologation sera mise en
place. Ses membres seront désignés par la Commission Tripartite pour la réconciliation
nationale et la définition du Nouvel Ensemble Comorien.
11. Cette
commission est chargée d’entreprendre les actions ci-après
i) sensibiliser
les électeurs et préparer les listes électorales ;
ii) organiser,
conduire et superviser le référendum constitutionnel et tous les autres
scrutins ;
iii) homologuer
et publier les résultats électoraux ;
12. La Commission élabore, adopte
et met en œuvre son règlement intérieur.
II. TRANSITION ET CALENDRIER
13. Les
Institutions pour la Transition sont les suivantes :
i) Au Niveau National
14. Le Chef de
l’Etat en place assumera les fonctions de, Président durant la période de
transition.
15. Après
l’adoption de la Commission conformément au calendrier fixé au paragraphe 17
ci-dessous, le Gouvernement sera dissout et remplacé, par un Gouvernement
d’union nationale de transition composé sur une base paritaire, chargé
notamment de la mise en place des nouvelles institutions et auquel Anjouan se
joindra.
ii) Au Niveau des Iles
16. Les
structures en place dans les îles continueront d’exercer leurs fonctions
jusqu'à la mise en place des nouvelles institutions ;
iii) Le Calendrier
17. La période
de transition obéira au calendrier ci-après :
Juin
2001 : référendum constitutionnel
18. Les
nouvelles institutions devront être mises en place au plus tard le 31 décembre
2001.
III. GARANTIES
18. Dans les
sept (07) jours qui suivent la proclamation des résultats du référendum
constitutionnel, le chef de l’Etat formera le Gouvernement d’union nationale de
transition visée au paragraphe 15 ci-dessus.
19bis. Le chef de l’Etat et les Membres du Gouvernement d’Union
Nationale de transition ainsi que les Présidents des Commissions et
Sous-commissions envisagées par cet Accord et qui n’auront pas soumis leur
démission dans le délai de sept (7) jours après l’adoption de la Constitution,
ne peuvent se présenter aux élections qui en découleront.
19ter. Ils garantissent, à travers
leur neutralité, la sécurité, la paix et l’égalité pendant la transition.
20. Les
Parties comoriennes signataires de cet Accord cadre s’engagent à travailler
ensemble en vue de créer dans les Iles, un climat de confiance et un
environnement pacifique et propice au libre établissement, à la libre
circulation des personnes et des biens, à des élections libres et justes, et à
garantir le respect des décisions prises pendant la mise en œuvre de cet
Accord.
IV. MESURES D’ACCOMPAGNEMENT
21. Les
Parties signataires demandent à la commission internationale de se porter
garante des engagements pris dans le cadre de cet Accord et de fournir aux
Comores l’assistance technologique, logistique et financière qui leur
permettrait d’assurer une transition pacifique, de garantir le bon déroulement
du processus électoral et d’aider à la mise en place du Nouvel Ensemble
Comorien.
22. Elles
demandent également à la communauté internationale de considérer, en fonction
des progrès réalisés dans la mise en œuvre du présent Accord cadre, que les
Comores entrent dans une phase permettant la reprise progressive de la
coopération. A cet égard, elle lancent un appel à la communauté internationale
d’organiser, en collaboration avec le Gouvernement d’union nationale de
transition, une Conférence des bailleurs de fonds.
23. Eu égard à
la spécificité de la situation à Anjouan, les Parties signataires demandent
expressément à la communauté internationale d’accorder à cette entité l’aide
humaine, financière et matérielle indispensable à la mise en œuvre des
dispositions du présent Accord cadre.
24. Elles
demandent également à la communauté internationale de considérer la levée des
mesures d’embargo à l’encontre d’Anjouan dès la signature du présent Accord
cadre.
V. MECANISME DE SUIVI
25. Un Comité
de suivi, composé des Parties signataires et des représentants de la communauté
internationale, notamment l’Organisation de l’Unité Africaine, l’Organisation
des Nations Unies, sera mis en place pour contrôler, superviser, coordonner et
prendre toutes les mesures jugées nécessaires pour assurer la mise en œuvre
effective de toutes les dispositions du présent Accord cadre et une stricte
adhésion au calendrier. Ce Comité sera également chargé d’arbitrer tout
différentiel relatif à la mise en œuvre du présent Accord.
26. Elles demandent également à l’Organisation de l’Unité Africaine de lever l'embargo à l'encontre d'Anjouan dès la signature du présent Accord cadre.
27. Un
Comité de suivi, composé des parties signataires et des représentants de la communauté internationale, sous lacoordination de cette dernière, sera mis en place pour contrôler, superviser, coordonner et prendre toutes les mesures jugées nécessaires pour assurer la mise en oeuvre effective de toutes lesdispositions du présent Accord cadre et une stricte adhésion au calendrier. A cet égard, les représentants de la Communauté Internationale pourront faire toutes propositions, notamment pour que la constitution soit soumise au référendum dans les délais prévus. Le Comité de suivi établit et adopte son règlement intérieur. De même, ce Comité sera également chargé d’arbitrer tout différend relatif à la mise en oeuvre du présent Accord..
28. Enfin, les Parties comoriennes signataires du présent Accord cadre saisissent l’opportunité de la réconciliation nationale en cours pour réaffirmer à la Communauté internationale, et notamment à l’Organisation des Nations Unies et à l’Organisation de l’Unité Africaine leur attachement à un reglèment rapide et pacifique de la question de den l’île de Mayotte. A cet égard, elles lancent un appel à la Communauté internationale pour qu’elle mette à profit l’occasion offerte par la dynamique du Nouvel Ensemble Comorien afin de faciliter le dénouement rapide et pacifique de cette question.
29. Toutes dispositions antérieures contraires aux dispositions du présent Accord cadre sont nulles et non avenues.
30. Cet Accord cadre entre en vigueur à la date de sa signature. La première réunion du Comité de suivi se tiendra le 1er mars 2001.