ANNEE 2004 :
centenaire de la naissance du président Said
Mohamed Cheikh
Saïd Mohamed CHEIK Né en 1904 à Mitsamiouli (Grande Comore), dans une famille noble, il est l'homme politique le plus connu des Comores. Son père est issue du clan Hinhya Foumbaïa. Sa grand-mère faisait aussi partie d'une famille du Washili, du sous-clan M'Batze. C'est dans ce sous-clan que se recrutaient les vizirs de Dimani. Il a aussi des origines anjouannaises du côté de sa mère. Il fait des études de médecine à Madagascar, études qu¹il termine en 1928. Il n'a alors que 24 ans et n'a donc pas atteint le doctorat, mais il est alors pour tous les Comoriens "le docteur Saïd Mohamed Cheick". Il devient auxiliaire de l'administration coloniale dans les années 1930. Il est affecté à la Grande Comore comme médecin responsable de l'hopital de Foumbouni. Mais après des démêlés avec l¹administration qui souhaite qu¹il ne s¹occupe pas de politique, il est muté à Mohéli. En mars-avril 1940, pendant la révolte du Nuymakélé (Anjouan), il accompagne l'Inspecteur Thomas dans sa mission d'enquête. Les archives nous apprennent alors qu'il est en fonction dans l'administration de Madagascar. Elu député à l'Assemblée constituante en 1945, il propose une loi contre le travail forcé aux Comores. Élu à l¹Assemblée nationale, il s¹inscrit dans le groupe de l¹Union démocratique et socialiste de la résistance (UDSR) de F. Mitterrand et R. Pleven. Dès son élection, il se bat pour que les Comores soient détachées de Madagascar et deviennent un territoire d¹Outre-mer “autonome”; ce qu'il obtient dès 1946. En 1954, il est désigné pour représenter la France et l¹Union française à l'Assemblée des Nations Unies. En décembre 1961, il est élu au nouveau poste de Président du Conseil de Gouvernement par la Chambre des Député des Comores. Il démissionne de son mandat de député et est remplacé par Mohamed Ahmed, qui était Vice-président lorsque le poste revenait au chef de la colonie. Il s'installe alors à Moroni avec son fidèle ami, qui restera son chef de cabinet jusqu'à sa mort, Raymond Groussolles. En décembre et janvier 1962, il se rend à Paris où il a deux audiences auprès du Général de Gaulle à propos de l¹avenir institutionnel et économique des Comores. Il accepte la proposition du général d'attendre que la France fasse des Comores le "joujou" de l'océan indien avant de demander l'indépendance. Pendant le régime d'autonomie interne (1957-1962) ou de l'autonomie interne élargie par la suite, il usera aussi bien de son poids en tant que notable traditionnel que de son prestige d'intellectuel qui a les connaissances du "mmanga" pour imposer sa vision des choses à la classe politique comorienne et aux Comoriens. Il décidera par exemple de réprimer les manifestations des lycéens en janvier-février 1968, alors que ceux-ci ne visaient que les autorités coloniales dans un premier temps. Les opposants au parti "vert" qui deviendra l'Union démocratique des Comores sont inquiétés et même souvent exclus de la fnction publique. Aujourd¹hui, on peut dire qu¹il était fasciné par l¹homme du 18 juin, et essayait sans doute de reproduire la méthode autoritaire et populaire qui a marqué le gaullisme. Il meurt le 16 mars 1970, à
l'hôpital de Tananarive, et sera remplacé par Saïd Ibrahim Extrait de
La naissance de l'élite politique comorienne, L'harmattan, à paraître
en 1999.
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