CHOMONI-MBASHILE : Un site historique et archéologique méconnu Le site de Chomoni est situé à proximité du village de Mbashile à 10 km au sud de Moroni. Il est reconnu par les chercheurs du CNDRS comme étant l'une des premières villes comoriennes datant de la deuxième moitié du VIIIéme siècle. Cette cité a été abandonnée vers le XVIIIéme siècle pour des raisons encore mal connues. Les nombreux travaux archéologiques menés dans cette localité ont permis de faire avancer nos connaissances sur l'histoire de la civilisation comorienee du début du peuplement à l'époque dite "arabo-chirazienne" , c'est-à-dire au XIVéme siècle. Venu d'Afrique orientale Selon les premiers résultats des travaux réalisés ou en cours, l'on sait qu'une petite communauté d'une centaine de personnes y était bien établie. Ces premiers comoriens qui venait probablement d'Afrique orientale, cultivaient le riz et le millet, ils étaient essentiellement des pêcheurs et des éleveurs. Ils consommaient également des tortues de mer. Ils avaient un savoir faire remarquable notamment dans la fabrication de la poterie à usage domestique et exploitaient le fer. Les fouilles archéologiques ont permis aussi de confirmer les relations commerciales très soutenues qu'entretenaient les habitants de Chomoni dés le IXéme siècle, avec des navigateurs arabo-musulmans. Ces derniers sillonnaient l'Océan Indien vers la Chine et le littoral de la côte orientale de l'Afrique. Leurs échanges avec les comoriens consistaient pour eux à se procurer les produits naturels et traditionnels d'Afrique, tels que les peaux d'animaux, les écailles de tortus, le bois d'œuvre, les minerais de fer, l'or, les esclaves, etc., et pour les comoriens d'acquérir les produits de luxe, comme les porcelaines islamiques émaillées, de la verrerie, des tissus, des perles de collier, etc. . Plusieurs données tendent à prouver scientifiquement que ces premiers habitants n'avait pas encore embrassé totalement la religion musulmane, mais que les villes de cette époque étaient de petites communautés regroupées en territoire économique. Les traditionalistes du CNDRS ont aussi recueilli une base de données sur la tradition orale sur ce site. Cette base de données renferme une masse d'informations indispensables à la poursuite des travaux anthropologiques et historique. Actuellement on peut facilement voir les ruines d'une petite mosquée du XIVéme siècle et quelque trace de la vie matérielle datant de la première période du peuplement des Comores.
Ali Mohamed Gou - La Gazette des Comores -N°11 © MweziNet - nov99 |